Le dépistage d'un torticolis

1/ Le torticolis congénital

Très souvent le futur bébé reçoit, quand il est encore dans l’utérus, et plusieurs semaines avant sa naissance, des pressions mécaniques, de la part de la paroi utérine.
Ces « contraintes utérines » vont venir appuyer sur le bébé au niveau des zones les plus flexibles, les extrémités, c’est à dire la tête et les pieds.
Au niveau des pieds, l’avant pied pourra ainsi se tourner vers l’intérieur (métatarsus varus) ou vers l’extérieur (pied valgus). L’examen néo-natal le dépiste facilement.
Au niveau de la tête, celle-ci s’oriente systématiquement d’un côté droit ou gauche. On parle alors de torticolis congénital.
A la naissance, la tête du bébé est bien ronde mais le gros muscle du cou qui a subi un fléchissement latéral va entraîner des conséquences sur la statique de cette tête.

Il y a plusieurs facteurs de contraintes utérines.

  • Celui dû à la tonicité importante de l’utérus. C’est le cas de la première grossesse, de la femme enceinte hyper sportive par exemple.
  • Celui dû au contenu utérin important : jumeaux, gros bébé.
  • Celui dû à la position particulière du fœtus, « coincé » dans le bassin.

L’aspect clinique d’un torticolis.

L’enfant qui naît avec un torticolis présente 2 caractéristiques :

1 – Mis sur le dos, la tête tournera systématiquement d’un côté

2 – En cas de torticolis important, la tête penchera sur l’épaule

Exemples de Torticolis majeurs 1

La conséquence du torticolis : la survenue d’une plagiocéphalie.
Dans le « bon vieux temps », ces temps pas si anciens où l’on couchait tous les bébés sur le côté, naître avec un torticolis ne présentait aucun problème, car l’alternance de positionnement gauche/droite de tout le corps annulait rapidement ce torticolis.
Mais aujourd’hui, la position de coucher sur le dos conduit au-to-ma-ti-que-ment le bébé qui présente un torticolis à développer très rapidement une plagiocéphalie.

Comment se déroule la séquence torticolis-plagiocéphalie ?

Prenons l’exemple d’un enfant qui présente un torticolis droit.
Stade 1 : L’enfant a donc la tête inclinée sur le côté droit
Stade 2 : L’enfant placé sur le dos effectue, par ne pas être gêné, une rotation de la tête vers la gauche.
Stade 3 : La tête de l’enfant repose sur l’arrière gauche.
Stade 4 : L’aplatissement de l’arrière-crâne gauche débute très rapidement, entraînant donc une plagiocéphalie gauche.

Torticolis droit et plagiocéphalie gauche

Torticolis congénital et Plagiocéphalie

Un torticolis droit, entraînera une plagiocéphalie gauche, et vice versa, un torticolis gauche entraînera une plagiocéphalie droite.

Le torticolis est une urgence orthopédique nécessitant dépistage et traitement précoces.

Le dépistage :
Si, lors de l’examen pédiatrique néo-natal, il est recherché systématiquement une pathologie des hanches (luxation) ou une anomalie positionnelle des pieds ; la statique corporelle spontanée du bébé n’est que peu prise en compte, si tant est qu’elle soit analysée.
Et c’est souvent la maman qui alertera plus tard le médecin, quand elle s’aperçoit que son enfant tourne toujours la tête du même côté.

Le traitement :
Il doit prendre en charge, en même temps, le cou et la tête !
La kinésithérapie et ou l’ostéopathie sont nécessaires pour « décoincer » ce cou qui n’est pas assez souple d’un côté ; mais il faut tout de suite s’occuper aussi de la voûte crânienne qui s’aplatit très vite du côté de l’appui choisi par le bébé.
Il est donc impératif d’associer au plus tôt le positionnement à la physiothérapie.
Le bébé sera ainsi placé en latéralisation du côté inverse de son choix préférentiel, du côté opposé à la platitude débutante, sur un cale-bébé efficace et réglable qui le maintiendra dans une position corporelle à 45 °.

Exemple d’un bébé présentant un début de plagiocéphalie droite, liée à un torticolis gauche.

S’occuper du cou sans protéger la tête par le positionnement ne pourra conduire qu’à l’installation d’une plagiocéphalie de plus en plus importante.

Une forme particulière de torticolis : le bébé « moulé » (moulded baby syndrome).

C’est un bébé qui s’est tellement collé à la la paroi de l’utérus pendant la grossesse qu’il en garde la forme arrondie après la naissance.

Torticolis droit- plagiocéphalie gauche- convexité gauche du tronc-hanches à contrôler

Ce bébé accumule beaucoup de problèmes.

  • Un torticolis évident (qui donnera une plagiocéphalie)
  • Un corps en « virgule » avec forte convexité droite ou gauche
  • Une hanche luxable ou déjà luxée
  • Des pieds malpositionnés

2 / Le torticolis « musculaire » par atteinte traumatique du muscle principal du cou

Ce torticolis survient quand un des principaux muscles du cou, le SCM (Sterno-Cléido-Mastoïdien) a été lésé, celui de droite ou de gauche.
La gêne et la douleur à la mise en tension de ce muscle conduit le bébé à choisir d’emblée de fléchir sa tête du côté de la lésion pour se protéger. D’où le torticolis puis évidemment la plagiocéphalie.
Contrairement au torticolis « positionnel » dû à une contrainte utérine pendant la fin de grossesse, ici, pour ce torticolis « musculaire », l’origine est souvent « per partum », pendant l’accouchement.
Il a fallu aller chercher ce bébé qui ne comprenait pas très bien où était la sortie…
Et pour aller le chercher, l’accoucheur ou la sage-femme, ont utilisé des manœuvres de récupération, de dégagement, de traction manuelle ou instrumentale qui ont pu entraîner un étirement des fibres musculaires du SCM.

Dans le cas de ce type de lésion musculaire, un nodule inflammatoire et réactionnel apparaît sur le trajet du muscle lésé et peut être palpé (olive musculaire).

torticolis musculaire

L’ultime complication d’un torticolis insuffisamment pris en charge : La survenue d’une scoliose vertébrale cervico-dorsale

Torticolis droit-plagiocephalie gauche – scoliose cervico-dorsale à convexité droite

A PROPOS DU CALE-BÉBÉ.

La pédiatrie « institutionnelle », tout en évoquant le traitement positionnel pour contrer un début de plagiocéphalie, reste très vague quant aux moyens de sa mise en place.
Placer une serviette roulée ou un sac de riz sous l’épaule du bébé est inefficace car le bébé se repositionnera sur le dos plus ou moins rapidement.

Quant au cale-bébé, cette même pédiatrie ne veut pas en entendre parler !

Par crainte d’un basculement sur le ventre…

DONC, PAR EXTRÊME PRUDENCE, LE CALE-BÉBÉ SERA SYSTÉMATIQUEMENT ET OBLIGATOIREMENT PLACÉ SUR UN MATELAS TOTALEMENT RESPIRANT ET RETIRÉ VERS L’ÂGE DE 3 MOIS ½.