La polémique sur les casques, un débat "à la Française"

Le débat pour ou contre le traitement par orthèse crânienne, même s’il s’atténue au fur et à mesure du nombre d’enfants traités, des résultats obtenus et de la satisfaction des parents, ce débat n’en continue pas moins encore aujourd’hui.
Il frise souvent le ridicule, mêlant intégrisme et ignorance, alimenté il faut bien le dire par le négationnisme actif des tenants de ce leitmotiv : « la tête plate, ça s’en ira tout seul ».

Et c’est ainsi que certains pédiatres déclarent que ce traitement est une violence faite à l’enfant…  qu’ils refusent d’envisager l’idée même d’un tel traitement. Ils ne savent évidemment pas, et pour cause, que si violence il y a, ce n’est certainement pas dans le port d’un casque, parfaitement bien toléré, mais dans la « perte de chance » subie par l’enfant qui restera toute sa vie atteint dans sa déformation.
Rien de plus triste que le désarroi d’une mère à qui l’on annonce que l’on ne peut plus rien faire pour cette plagiocéphalie fixée et très nette chez son enfant âgé de 2, 3, ou 4 ans.

Et c’est ainsi que tel neurochirurgien, chef de service du CHU de Marseille déclarera dans un article destiné aux médecins généralistes que les déformations crâniennes disparaîtront spontanément à l’âge de 2 ans…. !!. s’inscrivant en totale contradiction avec les chef de service de neurochirurgie des CHU de Toulouse et de Lyon, par exemple, qui prescrivent très volontiers une orthèse crânienne le plus tôt possible. Et ils publient leurs résultats !

Pendant ce temps là, au Québec, les casques sont remboursés après consultation dans une structure publique officielle qui mesure l’intensité de la déformation… Les Canadiens seraient-ils assez pervers et inconscients pour rembourser une action médicale inutile ?

De nombreuses publications officielles américaines ou européennes attestent de l’efficacité des casques : Dr Vernet, neurochirurgien infantile suisse – Pr Motttolese et Di-Rocco neurochirurgiens infantile CHU de Lyon – Société US de chirurgie plastique- étude rétrospective sur 4300 orthèses posées. Voir en appendice (1)

Notre expérience personnelle nous a conduit à prescrire en 5 ans plus de 3000 orthèses, à travers des consultations pédiatriques dédiées aux enfants souffrant de déformations crâniennes. Les résultats escomptés sont probants et rejoignent les résultats des publications officielles citées.

Mais c’est le contentement et le soulagement des parents (et du médecin prescripteur) en fin de traitement par orthèse qui reste et restera toujours le meilleur témoignage.

Bien entendu, il reste qu’il est médicalement intenable de continuer à ne traiter que les effets de ces déformations sans s’attaquer à leur cause.

Nous sommes face à un scandale sanitaire majeur qu’il n’est plus question de laisser perdurer !

L’arrivée des matelas respirants empêchera les déformations de se produire et nous n’auront plus besoin de poser des casques sur ces crânes abîmés.

(1) Les neuro-chirurgiens et les orthèses

FRANCE

Le port d’un casque de remodelage est préconisé par certaines équipes pour corriger ces plagiocéphalies posturales.
 » Le casque, explique D. RENIER, a pour fonction essentielle d’empêcher l’appui du crâne de l’enfant du côté aplati« 
(Médecine et Enfance Mai 2008)

« De nos jours, l’orthèse crânienne représente une possibilité de pouvoir conditionner la morphologie du crâne dans le but d’éviter, plus tard, un préjudice esthétique et ainsi de conditionner le bien-être de l’enfant et du futur adulte« .
C. MOTTOLESE Service de Neurochirurgie Pédiatrique, Hôpital Neurologique Pierre-Wertheimer, 59, boulevard Pinel, 69003 Lyon.

SUISSE

 » Les résultats des traitements avec orthèses de la PPOP donnent des résultats très favorables avec une excellent correction de la déformation plagiocéphalique avec des durées de traitement moyenne de 12,47 semaines (extrêmes 2–65 semaines)« .
( Dr O.VERNET Revue Pediatrica 2002)
Cet article a été publié dans la revue MKG-Chirurg 2012 · 5:289–296 · DOI 10.1007/s12285-012-0306-y

« Si la plupart de ces déformations vont en effet généralement se corriger spontanément plus ou moins complètement, certaines formes sévères peuvent ne pas le faire et ont même parfois motivé des sanctions chirurgicales. C’est ce qui a conduit au développement du traitement par orthèse crânienne dynamique, pratiqué depuis plus de vingt ans tant au CHUV qu’aux HUG. Bien que s’étant avéré efficace, ce traitement est régulièrement remis en question, notamment par les assurances qui, parfois, refusent d’en assumer les coûts, ce pourquoi doivent être informés les parents des «nourrissons à crâne plat».
Quadrimed 2015
Dr Olivier VERNET Spécialiste FMH en neurochirurgie
Neurocentre Avenue de Savoie 10, 1003 Lausanne

ALLEMAGNE- SUISSE

« Dans les cas de déformations positionnelles prononcées qui ne se seraient améliorées spontanément jusqu’au 4ème mois de vie, une thérapie par orthèse crânienne est conseillée ».
Dr. C. BLECHER Centre de Recherches
HFZ, Chirurgie cranio-maxillo-faciale,
Hôpital Universitaire de Bâle. Cet article a été publié dans la revue MKG-Chirurg 2012 · 5:289–296 · DOI 10.1007/s12285-012-0306-y

USA

30 ans FDA Craniosténoses + DCP
A total of 4378 patients evaluated for deformational plagiocephaly and/or deformational brachycephaly were assigned to conservative (repositioning therapy, n = 383; repositioning therapy plus physical therapy, n = 2998) or helmet therapy (n = 997). Patients were followed until complete correction (diagonal difference <5 mm and/or cranial ratio <0.85) or 18 months. Rates of correction were calculated, and independent risk factors for failure were identified by multivariate analysis.

Complete correction was achieved in 77.1 percent of conservative treatment patients; 15.8 percent required transition to helmet therapy (n = 534), and 7.1 percent ultimately had incomplete correction. Risk factors for failure included poor compliance (relative risk, 2.40; p = 0.009), advanced age (relative risk, 1.20 to 2.08; p = 0.008), prolonged torticollis (relative risk, 1.12 to 1.74; p = 0.002), developmental delay (relative risk, 1.44; p = 0.042), and severity of the initial cranial ratio (relative risk, 1.41 to 1.64; p = 0.044) and diagonal difference (relative risk, 1.31 to 1.48; p = 0.027). Complete correction was achieved in 94.4 percent of patients treated with helmet therapy as first-line therapy and in 96.1 percent of infants who received helmets after failed conservative therapy (p = 0.375). Risk factors for helmet failure included poor compliance (relative risk, 2.42; p = 0.025) and advanced age (relative risk, 1.13 to 3.08; p = 0.011).
Steinberg JP1, Rawlani R, Humphries LS, Rawlani V, Vicari FA.

Dr Thierry Marck – pédiatre